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Revenons à Belfort-Chaux où le grand parking avait reçu
un revêtement en dur tout comme l'intérieur du grand hangar
devant lequel il s'étendait. Pour des questions de poussières
et de gravillons les avions pour un point fixe isolé ou
stationner étaient systématiquement parqués dans l'herbe. Le
Piper F-BFYD est un peu flou mais j'ai choisi cette photo car c'est
précisément là, à cette époque, que je me suis fait entuber
par Marcel Doret m'ayant promis un vol si je lui portais des
arrosoirs pour remplir le réservoir d'eau de refroidissement de
son moteur Hispano en V. Il était superbe en combinaison blanche
juché sur son avion à faire soigneusement le plein. Il le fut
moins pour moi quand il m'annonça, mon boulot de porteur d'eau
achevé, que son gros Dewoitine parasol était un chasseur
monoplace!!! Et il perdit encore de son aura dans mon coeur le
jour où, au Musée de l'Air des années plus tard, je découvris
un rapport inédit concernant son abandon en vol le 19 décembre
1934 du Dewoitine 501 N° 47 suite à la perte d'une quinzaine de
centimètres de chaque aileron après un retournement! Un paysan
cultivant son champ vit avec surprise rappliquer l'avion en vol
plané parfait , car moteur calé je crois, et le "501"
se serait probablement posé tout seul s'il n'avait heurté une
haie d'arbres!!! L'homme n'en revint sûrement pas de ne trouver
quiconque dans les décombres car l'avion dût prendre feu en se
crashant! En fait il fallut pour les ailerons renforcer les
charnières, introduire un équilibrage par masselottes et monter
des amortisseurs de vibrations Repusseau.
Bon, j'ai bien dit que Marcel Doret c'était un sacré bonhomme
quand il secouait et faisait rugir son F-AJTE! Et on en
redemandera s'il revient sur terre...
Dernier souvenir marquant au même endroit, le même matin de
meeting: un homme très élancé au visage coloré, élégant
dans son uniforme impeccable de l'Armée de l'Air. J'ai parlé de
Roger Sauvage très grand en taille et renommée, l'as du
Normandie-Niemen aux 16 ou 18 victoires qui, solitaire, concentré,
faisait les cent pas devant moi, sans que j'ose aller lui
demander: -Dis, comment c'était au Normandie-Niemen? Je n'étais
probablement plus un enfant culotté!!!
Photo avait tout de même été prise telle que je le décris
mais elle a disparu depuis des lustres...