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Ce Piper F-BFYD, un 0-59A GRASSHOPER N°
de série 8979, a été acquis à l'été 1951 avec les deniers
du club récoltés grâce aux baptêmes de l'air, vols coqueluche
et autres dimanches de promotion de l'aviation ou aux grands bals
annuels du genre presque collet-monté. La situation était en
gros celle là: le MS 315 n'était plus là depuis la seconde
moitié de 1947, le Stampe qui volait beaucoup avait fini par être
cassé au début de juillet 1950 et heureusement remplacé dès
le début août par le SALS, grâce à des réseaux d'amitiés très
efficaces, sous forme d'un Tiger Moth, autre type de biplan.
Quant au hangar de 2000 m² à l'arrière plan, un Butler conçu
pendant la guerre par les américains pour abriter leurs
appareils allant du Piper au B-17, il se limite à son ossature métallique
complète, au mur en moelons du fond achevé et au début d'élévation
des latéraux. Je ne me suis jamais focalisé sur l'historique de
cet immense hangar mais il me semble être enfin en phase de
futur achèvement. De tête, voilà grosso modo l'histoire. L'Etat
a accordé la mise à disposition d'un tel ouvrage à l'AéC de
Belfort disons vers 1947-48. Les éléments métalliques peints
en antirouille gris ont été livrés puis sont restés longtemps
stockés in situ sous herbes hautes ou neige, sans protection,
avant d'être assemblés déjà plus ou moins rouillés. Puis
stand-by. Manque de crédits d'Etat car il y avait encore, dans
le Territoire de Belfort et ailleurs, nombre d'infrastructures
bien plus urgentes à reconstituer que des hangars pour aéroclubs
(je pense par exemple aux ponts provisoires en bois réalisés à
la hâte en 1944 et 45 par le Génie lors de la reconquête de la
France), manque de trésorerie du club auquel on avait pu réclamer
une participation ou simple pénurie de main d'oeuvre aux Ponts
et Chaussées chargés de la construction de l'ouvrage, négligence
ou impéritie des services publics? Toujours est-il qu'un beau
jour d'hiver on retrouva la structure haute du toit affaissée,
chacun des 10 ou 12 cadres métalliques s'étant mué en un M
diversement biscornu selon que ses poutrelles de faîte
touchaient ou non terre... J'avoue que cet amas écroulé était
fort triste à voir et semblait irrécupérable. Il fallut encore
du temps pour démarrer une expertise établissant l'origine de
la rupture. Je crois me souvenir qu'on l'attribua tant à la
corrosion provoquée par une trop longue exposition aux intempéries
des poutrelles, boulons d'assemblage etc, etc, qu'à un défaut
de montage dû au manque de documentation technique ou à sa
mauvaise traduction. Il faudrait faire un tour aux archives et
dans la presse locale de l'époque, savoir La République de l'Est
et L'Est Républicain. A l'été 1951, après élimination des éléments
irrécupérables et rétablissement de la structure il est
certain que les choses avaient avancé d'avantage qu'ici mais il
fallut encore attendre des mois au grand dam du comité tout
entier obligé de se contenter de son hangar en bois bourré d'appareils
jusqu'à la gueule et ne pouvant donc accroître sa flotte ni
envisager de créer la section de vol à voile à laquelle tout
le monde rêvait.