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Le second appareil obtenu du SALS par l'AéC
belfortain arriva dans la seconde quinzaine de 1947 sous forme d'un
Stampe et Vertongen SV-4C archi neuf, le F-BDFS N°423. Quand il
arriva et que j'écoutais les conversations des anciens du club
je sus qu'il reléguait le biplan Caudron Luciole et autres
Leopoldoff ainsi que le Morane 315 perdu à l'automne 47 au rang
de vieilleries d'avant-guerre. Il resta seul avion du club jusqu'à
sa destruction en 1950 et fut remplacé par un Tiger Moth. Tout
à droite, Robert Rhein dit "Larinette", boxeur amateur,
fourreur de son état, grande cheville ouvrière du club, public
relation, agent recruteur et dégoteur d'aides très conséquentes,
trésorier et la main sur le coeur pour m'emmener très souvent
voler avec lui. J'en reparlerai soyez sûr.
Alors je disais en photo 00 que le moniteur, Paul Hugues, venait
me chercher en cabrio Rosengart poussif chauffant et suant dans
la modeste côte dite de la Beurrerie, rien à voir avec les
lacets du Ballon d'Alsace, pour aller au terrain de Belfort-Chaux.
Là, seuls tous deux, nous passions une partie de l'après-midi
à enlever les plus gros cailloux polluant depuis la guerre les
pistes et leurs accès approximatifs non balisés dans l'herbe
puis il recousait sur le PFH et la profondeur du Stampe les trous
percés dans la toile lors des derniers atterros par les
pierrailles errantes avant de rustiner à la toile puis oeuvrer
à la colle et à l'enduit cellulosique. Ca sentait bon tout
comme les odeurs du moteur dont il complétait les pleins d'huile,
vérifiait les fixations et astiquait enfin. J'aidais avec ardeur
tandis qu'il me parlait soit de ses vols de guerre comme pilote
de Potez 63 ou de ceux de son frère, Marcel Hugues, déjà
pilote de l'escadrille La Fayette en 14-18 et commandant, en 1939,
du groupe de chasse GC II/5 La Fayette et auquel on dût retirer
le commandement en pleine guerre 39-40 tant les combats sur
Curtiss H-75 contre les "Huns" l'épuisèrent, l'âge n'y
étant pas étranger. Abreuvé de faits d'armes pendant le décailloutage,
instruit sur tous les organes de l'avion pendant l'entretien, il
n'y eût pas un jour où je n'appris, à tel point que dès 1948,
à 8 ans donc , je devins sûrement le plus fidèle lecteur du
journal hebdomadaire de la locomotion aérienne, le mythique
" Les Ailes ", l'hebdo de référence aéro du moment
merveilleusement sous-titré ainsi: " le monde de l'aviation
et l'aviation du monde ", et ce de la première à la dernière
ligne, petites annonces comprises. J'en ai une collection complète
d'après guerre et les 6 premières années de sa parution dans
les années 20. Fabuleux comme doc, il y a toujours une année
reliée toute proche de l'ordi que je redécouvre pour la nième
fois et que je change périodiquement!!!