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Voici les lieux exacts, environ cinq ans plus tard, où s'écrasa le P-47 du commandant Michel, André Arnaud. Ce dernier ayant évacué son avion très bas il arriva à grande vitesse dans les arbres d'une forêt qu'il percuta une cinquantaine de mètres avant ce lieu du crash de son appareil. Voici le récit qu'à écrit mon père vers 1980 à mon intention. Il me semble que rien n'existe à ce sujet d'autant que les documents officiels situent le lieu de la mort d'Arnaud près d'Altkirch en Alsace et j'ai bien surpris le Commandant de l'Ecole de Chasse de Tours, elle comprend l'Escadron André Arnaud, en lui remettant les photos prises sur le site exact où témoignait (peut-être y-est-elle encore) une petite stèle surmontée d'une des mitrailleuses du P-47.
Le 12 septembre 1944, circulant à
bicyclette sur la route de Belfort-Valdoie à Sermamagny (NdJML:
mon père était médecin et la route est l'actuelle D.465) j'ai
aperçu deux avions volant à très basse altitude se dirigeant
vers l'est au milieu d'un feu nourri de DCA allemande (NdJML:
probablement venant du Fort d'Offemont) et disparaissant car
masqués très vite par la forêt qui couvre la presque totalité
de cette région. Peu de temps après j'ai vu réapparaître
seulement l'un des deux avions prenant de la hauteur pour partir
virer au-dessus de la petite commune de Giromagny située juste
au pied des Vosges et revenir, toujours en montant, au dessus des
bois d'Eloie et de Roppe. Après avoir décrit alors quelques
cercles à environ 2000 mètres d'altitude l'avion est parti du côté
du sud-ouest.
Ca n'est que plus tard, après la Libération du Territoire de
Belfort, que j'ai pu apprendre ce qui s'était passé. D'après
un témoin habitant Vétrigne, une localité entre Offemont et
Roppe (NdJML: la D.22), les 2 chasseurs-bombardiers avaient
mitraillé une colonne allemande progressant sur la route de
Belfort à Roppe (NdJML: la N.83 un peu plus au sud) c'est à
dire en direction de l'Alsace. Subitement il a vu l'un des deux
appareils s'écarter brusquement vers la gauche en direction des
bois et alors qu'il arrivait presque à la lisière et enfin vu
le pilote se détacher de l'avion juste avant qu'il ne
disparaissent tous deux derrière les arbres.
Plus tard j'ai appris que le corps avait été retrouvé dans la
forêt près d'un petit chemin et que le parachute n'était pas déployé.
L'avion, un Thunderbolt, s'était écrasé plus haut sur la pente
à une bonne cinquantaine de mètres. Des habitants de Denney qui
'avaient découvert le corps le ramenèrent dans cette localité
où il fut enterré dans leur cimetière. Quand on décida plus
tard de ramener le corps du commandant Michel, André Arnaud à
Paris, ce fût un officier de réserve de l'Armée de l'Air et Président
de l'AéC de Montbéliard, Henri Schwander, qui fut chargé de l'exhumation
puis de l'acheminement vers la capitale afin que le valeureux
pilote demeure à jamais dans la Crypte du Fort du Mont Valérien
où reposent seulement quelques Compagnons de la Libération.
Mon père m'a relaté plusieurs fois dans les années 50 et 60,
et toujours avec la même précision, une version très différente
de la récupération du Cdt Arnaud qui se serait faite au nez et
à la barbe des Allemands focalisés sur le point de chute de l'avion,
ceci par des résistants justement présents en forêt au moment
du drame. Je respecte le texte de mon père qui avait très bien
pu entre temps ouïr des versions possiblement plus conformes à
la réalité des premiers témoignages qu'il avait recueillis à
moins qu'il ait oublié ces détails ce qui m'étonne car il a
toujours eu excellente mémoire jusqu'à son décès...