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Une heure ou deux après qu'un fort vacarme de moteur m'ait
fait sortir de l'immeuble où nous habitions au nord de Belfort
et regarder un avion spiralant assez serré au nord-est un jour
de l'été 1944, mon père en rentrant nous a raconté ce qu'il
avait pu voir d'une attaque effectuée par deux chasseurs sur un
objectif caché par le relief et dont seul l'un d'entre eux en réémergea
puis revint virer quelques tours et observer ce qu'il était
advenu de l'autre appareil, puis repartir. Ceci reste gravé à
jamais dans ma mémoire tout comme le passage en plein jour d'une
très imposante formation extrèmement bruyante de forteresses
volantes comportant une centaine d'avions en boxes successifs
mais très rapprochés, ce qui fit pleurer ma soeur qui ne
parvint pas à m'entraîner dans un abri tant j'étais fasciné
par la multitude de points étincellants se déplaçant dans le
ciel..
Plus tard des témoins relatèrent, diversement semble-t-il, à
mon père ce qu'ils avaient vu et savaient et bien qu'il m'en ait
parlé longuement à plusieurs occasions il a écrit vers 1980 un
texte à mon intention relatant la fin du Commandant Arnaud, chef
du Groupe de Chasse II/5 La Fayette parti en mission d'Ambérieu
le 12 septembre, pour mitrailler des trains ennemis du côté d'Altkirch
en Alsace. J'ajoute, pour l'avoir lu dans le journal et autres
documents de l'escadrille et du GC II/5 La Fayette, qu'après la
mission principale la radio du leader était tombée en panne et
que le capitaine Menu avait alors pris le commandement de la
patrouille; ensemble les deux pilotes s'attaquèrent à des
objectifs d'opportunité. Curieusement, ce document, ainsi que d'autres
papiers officiels d'époque donnent les environs d'Altkirch comme
lieu où a été abattu le Cdt Arnaud alors que le Cne Menu a
certainement dû indiquer les environs immédiats de Belfort dans
son compte-rendu! Documents perdus lors des déménagements
successifs de la Quatrième Escadre de Chasse existant depuis le
1er mai 1944? La question est posée.
Pour illustrer ici, une piètre photo très agrandie d'un P-47 du
La Fayette, on remarquera la cigogne portée à gauche en rupture
avec les traditions, prise en 1945 au-dessus de l'Allemagne. Le
nom du pilote est sur le capot moteur mais je n'ai pu le déchiffrer.
On est toujours étonné de voir, par la position du moyeu de l'hélice,
combien haut perché était le moteur en étoile du Thunderbolt
dans son capotage. Cet avion a-t-il été une monture de Claude
Szkolnik alors combattant avec les "canards" et les
"sioux" au GC II/5?