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Changement total de registre pendant la courte période, du 24 janvier au 13 juillet 1962, passée en Algérie. Un beau matin on a demandé à notre infirmerie de la BA 142 de fournir deux volontaires pour une durée indéterminée afin de participer à l'élaboration et au fonctionnement d'une Antenne au Rapatriement des Civils constituant des cas sérieux sur le plan de la santé ou du social. Avec un camarade nous sommes donc partis pour Alger Maison-Blanche où, arrivés les premiers, le Médecin-Chef de la Base nous fit visiter une vaste zône réservée en secteur administratif du rez-de-chaussée de l'Aérogare civile et nous bombarda patrons du dispositif tout en se déclarant prêt à nous fournir tous moyens, en plus des médecins et infirmiers prévus, dont nous aurions besoin... Il nous affecta en même temps, bien que nous soyons dépourvus de permis de conduire, une ambulance Dodge pour nos déplacements et autres recherches d'assistance et de concours ou de matériels sur l'immense base aérienne/aéroport et pour repérer, le cas échéant, toute personne à secourir et faire évacuer qui pouvait se trouver en danger dans l'interminable colonne quasi immobile de gens à pied avec le peu d'affaires qu'elles étaient capable de trimballer sur la voie d'accès principal de l'aéroport et espérant bien sûr rentrer en France par avion. L'esprit qui y régnait était très digne et l'entraide générale traduisait bien la chaleur des "pieds-noirs" mais il n'y avait pas besoin d'être grand clerc pour comprendre l'immense tragédie qu'ils vivaient tous, sans guère de nourriture et de boisson sous un soleil de plomb et pour combien de temps car les avions arrivant et partant, bien qu'en nombre non négligeable, ne constituaient pas un pont aérien semblant capable d'enlever très rapidement vers Marseille ou Paris ces milliers de malheureux accablés.
