|
En retirant l'hélice, en retirant
le moteur et en installant un patin ou une roue de fuselage on
aurait presque obtenu un honorable planeur biplace d'entraînement
à voilure épaisse et juste un peu ventru. Mais qu'on ne s'y
trompe pas, ce modèle, alors pas encore totalement peaufiné aérodynamiquement
et doté d'un moteur Praga de 75 chevaux, ni très esthétique,
ni très aérodynamique, au lieu du 65 chevaux Walter Mikron III
à 4 cylindres en ligne inversés qui caractérisa après guerre
la version M du Letecke Zavody Praga E.114, a battu dans la
seconde partie des années 30 un record international de vitesse
dans la catégorie des avions de moins de 350 kilogs avec plus de
160 km/h. Il faudrait plonger dans les tablettes de l'Aéro Club
de France ou de la FAI pour établir les choses avec grande
exactitude.
Pour confirmer ce que je disais à la photo précédente à
propos du grand balcon volant, on voit ici que, l'avion reposant
sur sa roulette et si on observe en-dessous la pale gauche d'hélice,
la presque totalité du pare-brise est déjà dégagée du capot.
Sur ce terrain de Montbéliard, il m'est souvent arrivé de
survolerr toute la longueur de la piste à un ou deux mètres du
sol à puissance maxima et d'être obligé de mettre le manche au
tableau, en butée, pour contrer l'effet de sol considérable
engendré par la voilure, ce qui donnait une assiette à piquer
très spectaculaire à voir depuis les installations du terrain.
J'ajoute à propos de vitesse max que le moteur n'a jamais été
capable de donner son régime maximum nominal de 2450 t/min au décollage,
mais juste un 2200-2250 t/min. Démontage et remontage d'un
moteur aux côtes encore parfaites après plus de 500 heures de
fonctionnement, analyse complète de l'allumage, essais de divers
types de bougies, changement d'hélice Merville pour une de ses
soeurs tout pareillement consruite pour le 114.M à moteur Walter...
Bref rien n'y fit tout comme il ne fut jamais possible d'avoir au
badin une vitesse indiquée supérieure à 105 km/h. On essaya x
instruments, x modèles de sondes anémométriques, on vérifia
et changea la tuyauterie interne...
En fin de compte cet avion aurait pu se passer complètement d'anémomètre
tant il était sûr en vol.
Jean Passadori que vous avez vu plus haut vola plusieurs fois
avec pour le pousser dans ses derniers retranchements. L'avion
saluait à peine quand il voulait le faire décrocher mais il n'y
parvint jamais, même commandes croisées, et "Passa"
finit par donner un avis définitif: " Si je n'étais pas à
Saint-Yan et que je possède pareil avion je remonterais le
spectacle à s'arracher les cheveux d'Adémaï Aviateur que présentait
Louis Clément sur son Lignel Taupin".
C'est vrai que mon père ou moi on faisait des PTU carabinées ou
bien les plus invraisemblables oppositions de fuselage qui soient,
en ligne de vol en croisière pour observer les volatiles rapaces
volant parfois de conserve avec le Praga ou tout réduit en pente
finale pour faire autre chose que la classique prise de terrain
en S. Très amusant aussi la descente tout réduit, en secteur de
finale, depuis 500 mètres ou plus et en spirale continue
tellement inclinée qu'on ne pouvait la serrer d'avantage. Et j'en
sortais très bas juste dans l'alignement de piste et environ
deux cent mètres avant le seuil pour m'y poser presque pile-poil
sans avoir à remettre de gaz ou faire d'opposition de fuselage
si la manip de sortie de spirale était décidée à la bonne
altitude...