The Super Mystère Collection
35

Le peintre Georges Seurat, grand maître de la peinture pointilliste, n'aurait sûrement pas renié un tel portrait du Letecke Zavody E.114.M dû non à un agrandissement excessif à la numérisation du format 10x15mm mais au débouchage d'un contre-jour mal maîtrisé à la prise de vue... L'avion, ainsi que toute la série qui suit, a été pris sur l'aérodrome de Courcelles-les-Montbéliard le 26 mars 1961, jour où il a volé 1h10. C'est la seul photo qui révèle le mode d'ouverture particulier du pare-brise vers le haut afin de rendre l'accès très facile au cockpit et qu'on peut comparer à celui du planeur C 800 vu plus haut. Les portillons latéraux abaissés en vol aidaient à se rafraîchir par temps chaud, même à 4000 mètres; ils permettaient surtout de faire de la photo aérienne dont vous avez vu quelques exemples en HS 2 et 3 et en tête de ce numéro. Le Praga était une merveilleuse plateforme d'observation vers le sol. En ligne de vol, le pilote ou le passager ne voyait au travers du pare-brise que l'extrème pointe du capotage frontal couvrant le moyeu d'hélice et porteur de l'entrée d'air de refroidissement. Bref, un grand balcon volant...
Cockpit ouvert, on voit que le pare-brise incluait des caissons permettant de dégarnir le bord d'attaque (la voilure monolongeron était en une seule pièce fixée par boulons à dos de fuselage) pour faciliter l'accès des deux occupants. La banquette siège en moleskine noire invisible ici était séparée des dossiers individuels dont le rembourrage amovible était noyé dans la cloison arrière de cabine en avant de panneaux permettant d'accéder dans le fuselage arrière pour la maintenance ou des réparations. En retirant les dossiers les occupants pouvaient se munir de parachutes dorsaux.
Les appuie-têtes étaient noyés dans la cloison, comme les dossiers, et situés en avant du réservoir d'essence de 65 litres qui offrait la particularité d'une jauge en tube de verre gradué disposée au centre. Par expérience des vols de très longue durée avec cet appareil je peux vous assurer que c'était très sympa de voir directement la présence colorée le la 100/130 aviation et ce presque jusqu'à la dernière goutte...plutôt que d'avoir à tapoter une jauge électrique menteuse montée sur tableau de bord et dont l'aiguille est quasi en butée basse!!!
Enfin, et on ne le reverra pas sur d'autres photos, comme au printemps 1957, voir photo 31, l'immatriculation à l'intrados d'aile est restée peinte à l'envers.