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Présent à Belfort-Chaux le temps
d'une escale ou d'un meeting au milieu des années 50 et peut-être
en même temps que la patrouille de Saint-Yan, ce Caudron G3 en
livrée militaire devant lequel pose une assistance admirative
dont je suis où l'on reconnait Jean Salis, le digne successeur
de son père et aujourd'hui devenu, avec ses fils, une
impressionante référence mondiale en matière de préservation
et de reconstitution de pièces historiques qui firent les
grandes heures de notre aviation ou de celles d'ailleurs.
A ce propos, je vais vous raconter une histoire qui va en faire
bondir plus d'un...et j'avoue qu'elle me navre terriblement
depuis que j'ai été en âge de comprendre ce qu'était le
patrimoine. En effet, l'AéC de Belfort avait, depuis avant
guerre, un local situé rue de la Croix-du-Tilleul où s'effectuait
une instruction aéronautique à destination des jeunes intéressés
par les sports aériens mais aussi se destinant à une carrière
de mécanicien ou autre spécialité dans l'armée de l'air ou
dans l'aviation en général. A cet effet il y avait beaucoup de
documents techniques de toutes sortes, plusieurs moteurs en ligne
et en étoile et des tas d'autres éléments constitutifs d'avions
pour expliquer leur structure, leur fonctionnement etc, mais,
surtout, une authentique cellule de Blériot XI avec son moteur
rotatif Anzani original qui était reléguée avec sa voilure démontée
le long d'un des murs du long local. Lorsque je suivais des cours
de modélisme et également ceux préparatoires au B.E.S.A. j'ai
bien des fois regardé , avec curiosité mais sans aucune idée
de sa valeur historique incalculable, cette construction rustique,
vieillote à souhait et immensément poussièreuse...
Bref, alors que les membres du comité directeur du club se
creusaient les méninges pour savoir comment ils allaient pouvoir
amasser un peu d'argent pour acquérir d'indispensables matériels
supplémentaires, à savoir meetings, bals, journées spéciales
"baptêmes de l'air" en campagne etc, un membre lambda
ou du comité eut la géniale mais impardonnable idée de penser
à vendre cette vieillerie de Blériot qui encombrait le local
citadin du club dont, pour faire en plus des économies de bouts
de chandelles, l'abandon accompagné de la dispersion des matériels
accessoires avait été décidé. L'inventeur de l'idée trouva
le client et celà rapporta la manne pour acquérir un ou deux
avions...
Le prix d'un Blériot XI de nos jours: IN-ES-TI-MA-BLE...
J'ai essayé tout récemment, dans un article des Ailes de 1955
consacré aux très rarissimes exemplaires originaux en existence
en France et ailleurs, d'en trouver la trace. Tout semble
indiquer que personne n'était au courant de la présence ou du départ
de Belfort de cet authentique trésor... De Profundis...Ainsi-soit-il.
Je vous promets d'essayer de retrouver quel est le chanceux qui,
pour une bouchée de pain...
Mais pourquoi ne pas vous mettre sur la piste vous aussi???