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A avion exceptionnel, superbe
pilote au visage pareil à ceux de nos grands pionniers de l'aviation
et pour ma part je l'aurais facilement vu aux commandes d'un
hydravion de course rouge Macchi M.52 à lui faire tourner sa
voltige très pure au lieu de prendre des paquets de G à chaque
bouée de virage en épreuve de Coupe Schneider!!! Tel j'ai
toujours connu Jean Passadori ("Passa" pour les
familiers et ici en leader de la Patrouille de Saint-Yan) avec
son gros pull à col roulé sous la combinaison pour se garantir
des courants d'air souvent traîtres à ceux qui pratiquaient cet
avion en petite tenue, même dans les chaleurs de l'été.
Depuis notre première rencontre, c'était un enfant du
Territoire de Belfort où il venait assez souvent voir sa maman,
il a toujours répondu avec la plus grande gentillesse à mes
interrogations, expliqué aussi avec douceur et précision ce qu'il
était un peu hardi de vouloir savoir alors que je n'étais
encore qu'un gosse, et bien sûr m'a emmené un jour, vers mes
treize ans, pour une longue séance d'initiation sur son Stampe F-BDNM
d'alors afin que je découvre, avec ses précieux commentaires au
"bigophone", l'ensemble des figures qu'il enseignait
journellement et tout particulièrement celles que j'aimais le
plus lui voir exécuter à la perfection, j'ai parlé du
renversement, du tonneau à facettes, du tonneau déclenché, de
la boucle inversée et de ce que l'on n'appelait peut-être pas
encore le "Huit Cubain". Un régal...
Ce que je n'oublierai jamais de cet unique vol avec Jean c'est l'incroyablement
douce fluidité de son pilotage qui fit que je sortis de l'aventure
un peu nauséeux mais vierge de tout "dégueulis" alors
que presque tous les pilotes qui m'emmenèrent en voltige, en
moins de trois figures relativement anodines, me rendirent malade
à vomir tripes et boyaux...
Les exigences de l'existence firent hélas que je ne pus jamais
"mettre le cap" sur Saint-Yan pour y devenir comme il
le souhaitait, le temps de quelques vacances scolaires ou
universitaires, stagiaire "voltige". Par la suite, Jean
Passadori officia au Centre National de Carcassonne où je n'eus
hélas pas d'avantage la joie de lui rendre une visite comme on
peut en éprouver quand on va revoir un membre perdu de vue de sa
famille que l'on a toujours bien aimé et apprécié énormément.